Non connecté
Se connecter Se connecter
[Visiteurs (193) - Connectés (0) ]
 
Arête des Trois Seigneurs - Vélo Alpinisme
 
Par Alright, le 20/02/2016.
 
Vous n'êtes pas inscrit sur Plani-Cycles.
Vous pouvez toutefois consulter les comptes-rendus, mais pour avoir accès à l'ensemble des informations et à tous les outils du site, créez un compte. C'est gratuit et sans engagement...
 
- Statistiques -
 
Genre : VTT . CR consulté : 3178 fois.
 
 
 
Distance : 7 kms
Dénivelé : 700 m+
Vit. moyenne : 5 km/h
Tps total : 05:00:00
Tps roulage : 01:30:00
Participants : .
 
Niveau :    Engagé
 
Physique :
Technique :
Paysages :
Fun :
  Moyennes sur 2 note(s).
 
 
- Aperçus - Traces -
 
 
 
Fichiers disponibles :
- Fichier trace REELLE :  Charger ce fichier     Situer sur VTTrack
 
 
- Compte-rendu -
 
 

Certains se souviendront du Pic de Girantes, la première fois que nous avions vraiment tenté le combo vélo – alpinisme. Malgré les quelques difficultés posées par ce genre de pratique nous en avions gardé un excellent souvenir. Depuis deux semaines, nous n'avions plus qu'une idée en tête : remettre le couvert !

Au Girantes nous avions visé de larges pentes, certes raides, mais néanmoins ouvertes et qui pouvaient donc pardonner la faute. Aujourd'hui, nous choisissons de pousser le curseur d'un cran : nous partons pour un itinéraire d'arête complexe, en terrain mixte. Nous voulons atteindre l'une des antécimes du grand Pic des Trois Seigneurs, en Ariège. Pousser jusqu'au sommet lui-même serait inenvisageable car l'arête est ensuite trop plate pour être praticable avec une couche de neige. Nous avons jeté notre dévolu exprès sur une zone proche de celle du Girantes car nous y connaissions déjà les conditions de neige. Voilà donc une inconnue de moins, et pas des moindres !

 

 

_____________________________________ 

D'emblée, les conditions sont meilleures que la dernière fois. Alors que nous arrivons sous le Port de Lers, le temps est splendide. D'ailleurs, les raquetteurs, skieurs de fond et autres lugeurs sont au rendez-vous. Incroyable : nous galérons presque pour trouver une place où garer la voiture, comme sur le parking d'Intermarché. Un groupe en train de s'équiper nous regarde sortir les vélos du coffre d'un œil au mieux dubitatif, au pire mauvais. Mais nous commençons à avoir l'habitude…

 

La route menant jusqu'au col est enneigée. Nous parvenons néanmoins à la monter en pédalant, au prix d'une bonne suée qui trempe nos vêtements. Ainsi, lorsque nous arrivons au Port de Lers et que nous constatons qu'un vent bien glacé souffle de manière continue de l'ouest, tous les ingrédients sont réunis pour assurer notre bien-être.

Lorsqu'on se caille de la sorte, il n'y a qu'une alternative : continuer à grimper, surtout sans s'arrêter. Nous passons les vélos sur le dos et nous lançons à l'attaque de la vaste croupe d'une raideur soutenue, côté nord. Moins d'une heure plus tard, nous atteignons l'arête. Alors que nous jetons un dernier coup d'œil vers le col en contrebas, nous constatons que le groupe de randonneurs vient tout juste de l'atteindre…

 

Mais ce qui nous intéresse se situe de l'autre côté…  Devant nous s'ouvre le cirque des Trois Seigneurs, complètement enneigé, d'une blancheur qui ridiculise nos lunettes de soleil catégorie 4. L'arête qui part sur la gauche est splendide, toute de blanc vêtue et ourlée d'une esthétique corniche. Le pic que nous visons est encore loin au-devant. Mais d'ici, on le devine déjà sacrément escarpé. D'ailleurs, Raph n'y croit pas : "c'est là-bas qu'on va ?" Oui, oui, c'est bien là-bas… Je dégaine ma fameuse phrase : "on voit la pente de face, l'impression est trompeuse". Par contre, je lui confirme bien qu'on va galérer sur l'arête…

Vélo-alpinisme : c'est parti !

 

 

_____________________________________  

Nous enchaînons la première partie à pied, en portage. Cette crête est magnifique, bien raide des deux côtés. L'impression vertigineuse est encore accentuée par la neige qui gomme les détails du relief, transformant la pente en surface lisse ininterrompue depuis le fil de l'arête jusqu'aux vallons, quelques centaines de mètres plus bas.

Au bout d'un moment le fil de la crête redescend vers un collet, avant la montée sommitale. Nous pouvons enfin enfourcher les vélos ! Pour l'heure, nous n'enfilons pas les protections ni le casque, faute de quoi il nous faudra à nouveau tout sangler sur le sac pour la dernière montée. Ces petites portions de descente s'avèrent impressionnantes : côté gauche, une falaise abrupte ; côté droit, la pente de neige raide filant vers d'autres barres rocheuses qu'on devine en contrebas. Et au milieu, nous, sur nos vélos, avec l'incertitude de l'enfoncement soudain de la neige.

Par contre, l'ambiance est grandiose !

 

 

Notre pic s'est maintenant dressé devant nous, effilé, menaçant. Visualisé dans sa globalité, il semble complètement impensable de faire ça à vélo. Mais ce n'est pas comme ça que je le vois… Je perçois chaque petite section, chaque passage, comme une succession d'obstacles qui, pris indépendamment, sont parfaitement faisables. Je ne me laisse pas influencer par les falaises, corniches, ou les pentes glacées qui emballent le tout. Mon mode de pensée reste froid et factuel, sans céder à l'appel des émotions qui perturbent inévitablement la vision des choses. Mais je sens que Raph s'interroge. "Tu sais quoi ? lui dis-je. Ce sommet, je te garantis qu'on arrivera à le descendre de haut en bas, sans faire aucune section à pieds !"

Disons qu'à cet instant, je suis sûr de moi à 70%. Mais la suite me donnera raison…

 

 

Dans la montée finale, le vent (et par corollaire, le froid) se fait de plus en plus intense. Cette arête est complètement exposée, aucune autre montagne sur son côté ouest ne vient la protéger. Même si sur les images, les conditions semblent tranquilles, nous ne pouvons pas nous permettre de rester immobiles trop longtemps. D'ailleurs, chaque rocher est orné de délicates sculptures naturelles de glace. C'est certes très joli, mais ça signifie surtout qu'on se les pèle ! C'est en traversant ce décor digne de Walt Disney que nous parvenons finalement au sommet.

Une fois en haut, pas de repos envisageable. Au contraire, l'épreuve se poursuit : je dois retirer mes chaussures pour enfiler les genouillères. En clair, mes chaussettes ont le temps de se geler dans le vent avant que je ne les replonge dans des chaussures gorgées d'eau. Comment appelle-t-on ça ? ah oui, un sauna finlandais ! Raph a été plus malin : il a enfilé ses protections dès le départ en les gardant sur les chevilles afin qu'elles ne le gênent pas à la montée. Cela dit, son mince short contrebalance ce gain en température. Décidément, il a décidé de l'amortir, ce short !

 

 

_____________________________________  

En quelques minutes, nous voilà prêts pour la descente, engoncés dans nos protections de gladiateurs. Dès le sommet, l'attaque est hyper technique. Les vingt premiers mètres s'enchainent ainsi : départ raide sur neige et roche, impulsion obligatoire pour franchir une petite arête de rocher, passage d'une congère, appui sur une dalle rocheuse, virage sur une autre congère avec falaise en contrebas, marche de neige donnant direct sur la corniche sommitale, pente raide en neige très dure. Si je m'en souviens aussi bien, c'est que j'ai longuement étudié ce départ avant de me lancer… Non pas pour savoir si j'allais le faire, mais pour savoir où passer exactement.

Comme toujours avec nos rides, le problème est que nous ne bénéficions d'aucun échauffement, aucune prise de repères avant d'aborder un passage difficile ; dès les premiers mètres, (dès les premières dizaines de centimètres en fait !), nous devons être opérationnels. Nous devons tout retrouver instantanément : équilibre, assurance, impulsions, précision. C'est comme si pour votre première journée de reprise de ski de l'année, vous attaquiez directement la piste noire en neige verglacée. Remarquez, le même dilemme se pose pour le skieur extrême : la partie du haut est toujours la plus compliquée.

Le premier essai se solde par un échec. J'enfourne dans la congère dont j'ai mal évalué l'épaisseur. Il fallait que je m'appuie en arrière en donnant une légère impulsion au guidon. La deuxième tentative est la bonne… ça y est, on est chauds !

 

Le terrain est extrêmement varié, mixant neige poudreuse, neige dure, rochers, glace… La descente s'avère beaucoup plus technique qu'au Girantes où nous pouvions nous permettre d'y aller en force et de concentrer notre attention sur la répartition du poids. Là, il faut être extrêmement précis et anticiper de multiples facteurs. En clair, fini le bourrin ! De plus, contrairement à nos autres rides neigeux, la chute est susceptible de faire mal car le terrain est très rocheux. Beaucoup de pierres sont dissimulées sous la fine couche de poudre…

 

Mais quoi qu'il en soit, la descente est extrêmement élégante : nous alternons entre le fil parfait de l'arête et ses contrepentes pour éviter les ressauts infranchissables. Raph parvient également à descendre certains raidillons rocheux avec une grande aisance. A plusieurs reprises nous empruntons carrément la corniche, après avoir vérifié que nous ne risquions pas de la briser et de partir avec, le coup classique en alpinisme. J'imagine que le fait de devoir prendre en compte le risque de chute de corniche est une première à vélo…

 

Nous parvenons ainsi au passage rocheux très raide surplombant le collet. Alors que la chute sur la droite ne pardonne pas, même ce verrou est passé en vélo avec, je l'avoue, 2 pieds à terre honteux. L'enchainement pierre-neige est brutal, d'autant plus que la section de neige menant au col est hyper raide. Sur la fin de cette portion, j'ai perdu une demi-seconde de contrôle et ai manqué d'un poil de percuter Raph qui me filmait depuis le col. On peut bien le voir sur la vidéo… Mais ce qu'il faut savoir c'est que 10 secondes avant, je lui avais intimé de se reculer parce que je n'étais pas sûr du passage… Comme quoi je connais mes limites ! Mais Raph ne se méfie pas assez de son coéquipier…

 

Puis nous enquillons toute l'arête avant de parvenir à l'endroit où nous avions atteint son fil lors de la montée. A partir de là, la neige devient beaucoup moins épaisse. On accroche systématiquement le sol en-dessous avec les roues.

Et, surprise ! Nos amis randonneurs nous y attendent ! Et ils se préparent à redescendre… Je leur demande pourquoi… La portion intéressante (et la plus jolie) se trouve devant eux et il n'est pas très tard ! "Il y a trop de neige" me répondent-ils de mauvaise grâce, conscients du décalage de la situation. On aurait dû la filmer ! Je reste silencieux en retour. Pourtant, ils ont le matos complet : chaussures d'alpinisme à coque rigide, raquettes, bâtons, piolet de secours, vêtements himalayistes… Ils sont prêts à attaquer le Mont Valier par la face nord !

 

 

_____________________________________  

Nous choisissons de ne pas prendre bêtement l'itinéraire de montée pour la fin de la descente. En effet, l'arête qui se prolonge semble nous appeler : son fil est propre, constitué d'alpages et de petites pierres recouverts d'une fine couche de neige… le terrain idéal pour prendre enfin un peu de vitesse ! Ce qui nous démange…

Le parcours est splendide, la pente vertigineuse à gauche, mais les pièges du terrain s'anticipent facilement. Un vrai bonheur ! En plus, nous sommes maintenant passés à l'abri du vent et il commence sérieusement à faire chaud. Avant nous avions trop froid, maintenant trop chauds… Notre côté féminin semble être à l'œuvre ! Tranquillement installés sur un petit piton, nous faisons enfin notre première vraie pause de la journée le temps de manger, boire, retirer le surplus de vêtements et nous balancer des boules de neige.

 

Puis nous repartons, prenant toujours plus d'assurance et de vitesse. Nous nous amusons à arriver plein gaz sur de vastes étendues de neige molle, la projetant en tous sens. Mais bientôt la neige devient trop molle. Le vélo enfourne sans prévenir, ça devient dangereux. A un endroit, j'enchaine 3 soleils en à peine 15 mètres ! A peine étais-je reparti que mon vélo se rebloquait sans crier gare…

Après avoir descendu des pentes de tourbières raides et techniques, nous atteignons la route en tombant nez à nez avec un groupe de touristes en jeans et T-shirts, qui frémissent en nous voyant surgir des arbres tels des bandits de grands chemins…

 

Au final, tout s'est déroulé exactement comme je l'avais annoncé : nous avons strictement tout descendu sur le vélo ! Ce qui n'était pas gagné dans un tel environnement… Malheureusement, la neige tombe depuis, nous allons être obligés de rechausser les skis. 

 
 
- Aperçu des photos -
 Diaporama (23)    Haut de page
La première partie de l'itinéraire...  (0)
Allez, vélo alpinisme, c'est parti !  (0)
  (0)
Assez improbable.... :)  (0)
Quelle ambiance !  (1)
Au sommet  (0)
Ready ?  (1)
Go !  (1)
C'est ce qu'on appelle un terrain mixte !  (1)
  (1)
  (0)
Allez, on emprunte la corniche !  (0)
Mais qu'est-ce qu'on fout là ?...  (1)
Beau raidillon !  (0)
  (0)
  (0)
Le passage clef...  (1)
Le moment où j'ai failli emplafonner le photographe...  (0)
Voilà une arête de haute montagne !  (0)
  (0)
Allez, à fond !  (0)
  (0)
La neige devient molle...  (0)
 
pub
 
Chain Reaction Cycles
 
pub
 
 
 
 
 
 
Commentaires et réactions
 
 
 
 lepurone
 Le 20/03/2016 à 12h50.

Exceptionnelles images,

commentaires au cordeau et style rédactionnel impeccable

vous pouvez pas passer professionnel ! (livres, films etc..)

 rati09
 Le 07/03/2016 à 10h08.

Du beau, du bon dubonnet.

 Alright
 Le 06/03/2016 à 23h51.

Tout le monde le dit ! Mais c'est sa marque de fabrique à Raph...  J'arriverai pas à lui retirer son short ;)

 Philou646
 Le 06/03/2016 à 21h50.

Encore de belles images, mais ce serait encore mieux si tu pouvais modifier l'échelle de celles-ci. C'est clair que le short ça tranche avec cette ambiance... Il l'a certainement payé cher pour ne jamais le quitter!!!  Wink

 
 
© plani-cycles.fr - Le site des communautés du Cycle - Mentions légales | Conditions d'Utilisation | A propos | Contact