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Pic Carlit (descente intégrale)
 
Par Alright, le 28/10/2016.
 
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- Statistiques -
 
Genre : VTT . CR consulté : 3197 fois.
 
 
 
Distance : 14 kms
Dénivelé : 1200 m+
Vit. moyenne : 2 km/h
Tps total : 12:00:00
Tps roulage : 06:00:00
Participants : .
 
Niveau :    Engagé
 
Physique :
Technique :
Paysages :
Fun :
  Moyennes sur 1 note(s).
 
 
- Aperçus - Traces -
 
 
 
Fichiers disponibles :
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- Compte-rendu -
 
 

Vers la fin de l'été, je découvrais sur la page Facebook d'un ami les photos d'un couloir empierré qui semblait sacrément raide, mais néanmoins faisable. Aussitôt, je l'interroge : il s'agit de la face ouest du pic Carlit par la voie dite "du Lanoux". J'avais évidemment déjà repéré le Carlit sur les cartes mais je ne m'étais pas attardé dessus : lignes de niveau trop serrées, pas une face qui soit en dessous de 45°. Normalement, ça signifie : remballez votre vélo ! Je cherche sur Internet : personne ne semble avoir déjà fait ce sommet. Pourtant les photos que j'ai sous les yeux m'interpellent : du gros pierrier très très raide, certes, mais délité, avec des traces de sente dedans. Mon intuition me dit qu'on doit pouvoir y trouver des lignes qui passent.

 

Etant donné la fréquentation de ce sommet (tout pyrénéen n'ayant pas fait le Carlit au moins une fois dans sa vie est déshérité), hors de question de le tenter en pleine saison ; je vais emmerder tous les randonneurs avec mon bike et je n'aime pas non plus faire le kéké devant du public. Surtout quand les gens s'arrêtent en groupe et attendent que vous démarriez, le téléphone à la main, prêts à filmer… De plus, question sécurité, ce serait vraiment contre-indiqué : dans ce genre de terrain, je risque fort de balancer de gros pavetons dans le couloir.


Le bon créneau se fait attendre jusqu'à fin octobre : grand week-end de pont, temps magnifique pendant 4 jours, température exceptionnellement élevée. Bref, l'idéal ! Je fais le tour de mes potes de rides. Mais ce coup-ci, personne n'est assez fou pour m'accompagner… Et le seul qui le serait s'est blessé avec moi la fois dernière. Snif ! Peu importe, j'irai seul. Ma copine m'accompagne pour tourner les vidéos. Et mon chien vient aussi, avec ses sacoches, il nous aidera à porter le matos. Le dénivelée n'est pas énorme (1200 m), mais il s'accompagne d'une longue marche d'approche en traversée que je devine galère à vélo. Etant donné qu'en plus à cette saison, le soleil se couche à 17h30, je décide de partir sur 2 jours et de camper au pied de la face. Ça me donnera le temps de l'étudier. 

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Alors que ce 28 octobre, nous arrivons au lac des Forats, juste au pied de la face ouest, le doute s'empare de moi. C'est un sentiment étrange et assez nouveau à vrai dire, car je ne suis vraiment pas habitué à douter… Vu d'en bas, l'itinéraire semble infaisable. Complètement infaisable. D'une part, c'est vraiment très raide, et ce sur plus de 400 m. Et la pierraille que je croyais fine sur les photos semble faite de blocs beaucoup plus gros que prévu. Je me dis que ça ferait un bon itinéraire à skis mais qu'à vélo, c'est peut-être un déni de réalité.

Mais il en faut plus pour me faire abandonner.

Il est 16h30 ; on se dépêche de planter la tente car je souhaite partir faire une reco dans le couloir avant la tombée de la nuit. A fond de train, je monte 300 m, jusqu'à me trouver au beau milieu du couloir, dans sa section la plus raide. Et là, autre sentiment inhabituel : je flippe. Non pas de me trouver là en ce moment. A pied, c'est juste une partie de plaisir. Non, je flippe de m'imaginer avec le vélo… Je prends mon temps, m'assieds sur un rocher, admire le coucher de soleil. Les montagnes sont d'une quiétude tibétaine. L'air est immobile, la lumière presque solide. De là où je suis, je vois notre tente plantée près du lac, petit point bleu que j'ai l'impression de surplomber pratiquement à la verticale. La pente est fidèle à l'impression qu'elle donne d'en bas : c'est très raide. Et les pierres sont variées : il y a des blocs d'un mètre qui barrent des sections, mais également des zones de pierrier fin. Le seul élément qui fait que ce couloir pourrait être faisable, ce sont les traces du sentier qui le parcourent. Mais ce chemin lui-même est très chaotique : par endroits il se perd dans les éboulis, à d'autres il descend droit dans la pente. Le seul avantage est que sur cette ligne, aucun bloc infranchissable ne barre le chemin.

Je me tourne vers mon chien : il a l'air cool, il regarde le paysage, tranquille et baveux. Allez, vendu, on va se le tenter ! Après tout, c'est qu'un tas de cailloux…

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Le lendemain, réveil de bonne heure pour profiter au maximum du temps de jour. On en aura besoin. Il a fait en-dessous de zéro pendant la nuit, du givre parsème le tour du lac. J'espère que la glace n'aura pas figé les rochers dans le couloir. J'ai besoin que ça glisse, que ça parte, que ça déboule, bref que le terrain soit souple.

 

Un bon café chaud nous met en train. Nous faisons les sacs avec le strict minimum. Il faut que mon bagage soit le plus light possible pour que je puisse me positionner efficacement sur le vélo. Je prends les protections, une veste de montagne, le matos de réparation, la trousse de secours, un demi-litre d'eau, quelques barres énergétiques et mon courage à deux mains.

 

Et me voilà en train de ramer avec mon vélo de 15 kg dans les éboulis. Bon, inutile de vous décrire la montée, c'est fatiguant. Par contre, la montagne nous surveille : de splendides aigles tournoient au niveau du sommet et un chamois s'est posté pendant un bon quart d'heure sur les falaises au-dessus du couloir. Nous devions être son blockbuster du mois… J'aurais juré qu'il rigolait. En tout cas, une ambiance austère est au rendez-vous : toute la montée, nous sommes restés dans l'ombre glaciale de la face avec pour seul décor des rochers et de la glace tandis que les montagnes autour de nous s'éclairaient d'une magnifique lumière ambrée.

 

Enfin, nous débouchons sur la crête sommitale en pleine lumière. Enfin, un peu de chaleur ! Et un peu de monde… Il y a déjà foule sur le sommet… La plupart des gens le gravissent par l'autre versant, en partant des Bouillouses. Pour éviter de gâcher le plaisir des randonneurs (il y en a qui prennent mal qu'on fasse à vélo ce qu'ils ont déjà du mal à faire à pied), je m'équipe sur le sommet nord, abandonné des randonneurs car environ 1m43 plus bas.

 

Tout est parfait : je suis en forme, le vélo aussi, pas un nuage ne voile le ciel, la température est ni trop froide ni trop chaude, nous sommes pile poil dans le timing que j'ai prévu la veille… On peut y aller !

 

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Je cote l'itinéraire ci-dessous au cas où un autre allumé veuille le répéter. Mais inutile de préciser qu'on est en haute montagne (2900 m), que le terrain est vraiment complexe, et que mieux vaut savoir ce qu'on fait… Autre chose : attention à ne pas balancer de pierres dans le couloir sur d'éventuels randonneurs. Les pavetons dégringolent de haut en bas là-dedans… Ce qui s'applique dans ce genre de run, ce sont les règles de la montagne, pas celles du VTT.

 

Du col jusqu'à l'épaule (T5 / E4) :

Le départ du col est juste ultime ! Un magnifique single escarpé qui part en traversée jusqu'à atteindre l'épaule, la seule zone "plate" (ou du moins pas trop raide) de la descente. Attention, côté gauche, on a un éboulis très raide et une petite barre au-dessus de laquelle on passe à ras. L'atteinte de l'épaule se fait par mur de pierres raides très technique (mais qui passe).

 

De l'épaule jusqu'à l'amorce du couloir (T5 / E3+) :

On enquille une brève section très roulante (et particulièrement jouissive) sur l'épaule qui descend plein sud, parallèlement à la crête sommitale. Puis, ça se corse. Il faut suivre le sentier très raide qui amorce une descente plein ouest. Par contre, quelle ambiance ! On est dans le gaz ! Sur la gauche, la face plonge à la verticale, on surplombe toute la vallée du Lanoux. Techniquement, le single est relativement nettoyé. La difficulté provient du fait qu'il est vraiment raide. Compter quelques nose turn obligatoires et engagés.

 

Première section du couloir (T5+ / E4) :

L'entrée dans le couloir est impressionnante, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai ressenti exactement la même sensation qu'on a en ski extrême lorsqu'on engage le haut d'un couloir abrupt. Globalement, il faut évidemment suivre la trace (ailleurs, c'est rigoureusement impossible). Les épingles sont souvent en nose turn (très engagé, le loupé amène à un vol de 5 ou 6 m obligatoire dans un terrain plutôt râpeux). Quelques portions (une ou deux d'une dizaine de m) sont non roulantes, car trop raides sur du terrain vraiment vraiment mauvais et sans aucun dégagement dans l'hypothèse où on voudrait passer en force. Les purs trialistes auraient également beaucoup de mal je pense car d'une part aucun rocher n'est stable, et d'autre part, le terrain est très glissant, toutes les surfaces recouvertes d'une sorte de sable. Il vaut mieux contrôler son vélo par glissements que par arrêts francs.

 

Deuxième section du couloir (T5 / E3+) :

En son milieu, le couloir s'oriente en plein vers le Lanoux. La raideur diminue un tout petit peu mais surtout, le terrain devient meilleur (toutes proportions gardées). Il n'y a plus de gros blocs, strictement tout est faisable sur le vélo. On peut même choisir de quitter la sente par endroits et prendre un peu de vitesse (pas trop il y a quand même encore bien 200 m de pente à 35 ou 40°)…

 

Du bas du couloir jusqu'au lac des Forats (T4 / E3) :

Ca y est, vous pouvez envoyer ! Le single sur le cône d'éboulis est un pur moment de bonheur. Pour ma part j'ai quitté le sentier normal pour rejoindre en freeride le lac par le côté droit. Il y a une arête très esthétique et technique qui descend jusqu'à l'eau à cet endroit.

 

Du lac des Forats jusqu'au niveau du Lac du Lanoux (T4+ / E3) :

La mauvaise nouvelle, c'est que les difficultés ne sont pas finies. Le sentier qui rejoint le lac du Lanoux est assez difficilement roulable. Ce n'est plus raide, mais il y a plusieurs sections trialisantes. Et après l'énergie dépensée pour la descente du sommet, c'est un peu, comment dire ? pffffff…. Par contre, le décor est splendide.

 

Descente sous les barrages jusqu'au GR7 (T2 / E1) :

Là, c'est très roulant. Inutile de préciser que ce petit passage de répit fait du bien !

 

Traversée par le GR7 jusqu'à la verticale de l'étang de Font Vive (T3 / E4) :

La première partie de la traversée est très galère car en montée légère, parsemée d'obstacles épuisants. Mais le sentier devient très bon au bout d'un kilomètre. La cotation de l'expo provient du fait qu'à beaucoup d'endroits, on se trouve juste au-dessus de barres, voire on passe en plein milieu. Mais dans les endroits les plus verticaux, le sentier est large (50 cm).

Dès que le GR commence à descendre, attention les yeux ! Là, c'est du caviar de pilotage : on peut envoyer à fond ; les obstacles sont nombreux et variés mais peuvent tous passer en force.

 

Descente jusqu'au chemin de l'étang de Font Vive (T4+ / E3) :

Un petit sentier très creusé descend dans les buissons épineux. Là, plus question d'aller vite, il faut piloter doucement et très finement.

 

Descente jusqu'au parking (1728 m) (T4 / E3 / NR) :

La première partie de cette dernière portion se fait facilement sauf une petite barre à franchir. Puis, désolé, vous allez devoir descendre les derniers 50 m de D- en portage : le sentier passe dans des falaises et des verrous rocheux complètement NR. C'est fort peu glorieux d'arriver à la voiture en poussant son vélo, mais je ne le savais pas en choisissant l'itinéraire (je me suis focalisé sur la partie du haut). A mon avis, mieux vaut poursuivre le GR jusqu'à l'étang du Passet.

 

 

En tout cas, cette descente m'a ouvert les yeux : j'ai compris qu'il est possible de trouver des lignes dans des endroits qu'on aurait éliminé sans appel en le regardant d'en bas. 

 
 
- Aperçu des photos -
 Diaporama (30)    Haut de page
le sommet !  (0)
Ready ?  (0)
Et en subjectif, ça donne ça...  (0)
Du technique fin...  (0)
  (0)
... avant le bourrin !  (1)
Yeah, on ouvre les gaz !  (0)
Vertigineux : on voit le tente tout en bas  (1)
  (0)
L'horizon est droit...  (0)
Et voilà l'itinéraire...  (1)
Entrée dans le couloir... On dirait pas mais y'a 150 m jusqu'au bas de l'ombre.   (0)
Des noses un brin engagés...  (0)
  (0)
  (0)
Y'a le cul qui touche là...  (0)
Allez, on peut accélérer !  (0)
  (0)
  (0)
  (0)
Back home...  (0)
On s'installe !  (0)
Mais on repart :)  (0)
  (0)
On nous surveille...  (0)
Après, faudra descendre :)  (0)
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  (0)
  (0)
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Commentaires et réactions
 
 
 
 Alright
 Le 14/11/2016 à 23h35.

ah merde, j'avais pas vu que les photos étaient dans le désordre. d'habitude, je mets bien un zéro avant... mais maintenant qu'il y a qq commentaires, je vais pas les retirer pour les recharger...

 Lole
 Le 14/11/2016 à 20h47.

Connaissant relativement bien le secteur... respect !!

 Yves100
 Le 14/11/2016 à 12h38.

Belle aventure extrême à suivre. Très bon montage du CR global comme d'hab.
Bravo !


 

 flèche bleue
 Le 14/11/2016 à 11h23.

Encore un truc énorme! On lit bien dans le CR que la préparation compte énormément; cela sous entend qu'il ne faut surtout pas s'engager dans ce genre de truc à la légère, ni surestimer ses capacités, qu'elles soient physiques où techniques. Je dis ça parce qu'au début des films de ski free ride, pas mal de jeunes au "sang chaud" se sont fracassés en voulant reproduire ce qu'ils avaient vu en vidéo, sans se douter une seconde qu'en amont il y avait un gros travail de reconnaissance, sondage des aires de réception, etc etc....En tous cas, respect! J'ai bien aimé dans la vidéo, les passages "twist again", où la roue arrière fait un peu ce qu'elle veut! Et bravo au chien, lui aussi a dû s'éclater comme un petit fou......

PS: pour que les photos apparaissent dans l'ordre, il faut les renommer avant de les intégrer au CR; 01, 02, 03....etc

 Alright
 Le 13/11/2016 à 22h34.

faut pas hésiter à me le dire si tu repères des trucs qui peuvent m'intéresser ;) 

 lamouette
 Le 13/11/2016 à 22h00.

Marrant en août, j'ai fait la porteilla de Lanos (http://www.vttour.fr/sorties/portella-de-lanos,14002.html), j'ai vu ce sentier qui descend du Carlit en me disant qu'il avait l'air pas mal.

 

Puis une fois au barrage, je me suis rendu compte que c'était mort raide. Bizarre, je m'étais bien dit que c'était un truc pour toi Laughing. Chapeau pour cette sortie et pour ces super image.

 lepurone
 Le 13/11/2016 à 18h44.

Bonjour

Photos, films et compte rendu bien rédigés....faudrait faire un livre VTT extrême de vos exploits, à ma connaissance il n'y en a pas, contrairement au ski.

Continuez à nous faire rêver !

 
 
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