Non connecté
Se connecter Se connecter
[Visiteurs (184) - Connectés (2) ]
 
Pic de Girantes par la face Nord - Vélo Alpinisme
 
Par Alright, le 13/02/2016.
 
Vous n'êtes pas inscrit sur Plani-Cycles.
Vous pouvez toutefois consulter les comptes-rendus, mais pour avoir accès à l'ensemble des informations et à tous les outils du site, créez un compte. C'est gratuit et sans engagement...
 
- Statistiques -
 
Genre : VTT . CR consulté : 3682 fois.
 
 
 
Distance : 7 kms
Dénivelé : 700 m+
Vit. moyenne : 5 km/h
Tps total : 06:00:00
Tps roulage : 01:30:00
Participants : .
 
Niveau :    Engagé
 
Physique :
Technique :
Paysages :
Fun :
  Moyennes sur 2 note(s).
 
 
- Aperçus - Traces -
 
 
 
Fichiers disponibles :
- Fichier trace REELLE :  Charger ce fichier     Situer sur VTTrack
 
 
- Compte-rendu -
 
 

Ce ride a été hors normes à tous points de vue. Nous avons clairement repoussé les limites en ce qui concerne la pratique du vélo de montagne. En fait, je dirais même qu'on a commencé à inventer un nouveau sport… Je vois d'ici les puristes du Xcountry nous regarder comme des bêtes étranges en se demandant : "Mais ils sont tarés ces deux-là !" Quoique je sais bien que je me mens ; la plupart se diront tout simplement qu'on est complètement stupides…

Mais je répondrai alors : "Certainement… mais on s'est bien marrés !"

 

 

Pourtant, cette journée a fort mal commencé. Le week-end du 13 février était un week-end de gros mauvais temps, le genre où aller chercher le pain devient une expédition. De prime abord, nous étions donc hyper motivés… pour ne rien faire. Mais vendredi soir, en recoupant plusieurs sites météo spécialisés, on s'aperçoit qu'une éclaircie est prévue pour le lendemain, une maigre fenêtre de soleil de quelques heures au beau milieu d'un épisode climatique dépressif en phase finale. Aussitôt, le matos de montagne est prêt à être chargé dans le coffre.

 

Samedi matin, lorsque nous nous réveillons sur Toulouse, le temps est abominable : ciel de plomb, pluie horizontale sous de puissantes bourrasques de vent, une humidité digne de la Patagonie… Mais nous avons décidé d'être motivé et de croire en notre bonne étoile (et accessoirement de croire les superordinateurs qui ont sorti ce foutu pictogramme de soleil jaune aujourd'hui). Nous voilà donc partis !

Foix : pluie battante, ciel bas.

Tarascon : ciel bas, pluie battante.

Vicdessos : mais où sont donc les montagnes ? ah oui, cachées dans les nuages…

Port de Lers : mais où sont les nuages ? ah oui, cachés derrière la pluie…

 

Garés dans un virage sous le col, je coupe le contact et on se regarde Raph et moi, grand moment de solitude tandis que la pluie tambourine sur le pare-brise et que le vent hurle. Nous venons de faire 2 heures de bagnole… Et nous voilà tout de même à plus de 1400 m, en plein mois de février. Nous savons que l'itinéraire se fera intégralement dans la neige. Enchainer un parcours de haute montagne par ce temps, bonjour le plaisir ! Ça ressemble plutôt à un bizutage de la légion étrangère…

Sans grande conviction, nous commençons à nous préparer en restant bien au chaud de la voiture. Je termine de m'équiper pour la Patagonie, enfile la capuche et ouvre la portière : quelques gouttes volettent dans les bourrasques, mais la pluie vient tout juste de cesser. Le vent violent est visiblement en train de chasser les nuages. Mais pour l'heure, les sommets sont complètement dans la mélasse.

Le temps de sortir le matos du coffre, un coin de soleil est apparu. Le temps de régler les vélos, le ciel est devenu intégralement bleu. De toute mon expérience de montagnard, jamais je n'ai vécu de changement de temps aussi radical ! Le Dieu du vélo vient de nous offrir une chance ! Nous avons dû le prier comme il fallait… On sacrifie donc une canette de Redbull comme il se doit, en témoignage de notre gratitude, avant d'y aller.

 

__________________________

Nous empruntons la route pour atteindre le Port de Lers, comme de simples cyclistes de bitume. Le réglage de ma selle pour les pentes raides s'avère plus qu'inadapté. Cet échauffement sur route se transforme vite en échauffement du postérieur et je vois le col arriver avec soulagement.

 

Entre temps, la face nord du Pic de Girantes s'est déployée au-dessus de nous, raide, froide, hostile. Personne n'aurait l'idée d'attaquer ça en vélo. Ce serait comme vouloir aller sur la lune en deltaplane ; c'est inadapté. Même pour du ski, ce serait déjà un bon morceau. Mais c'est pourtant bien ce qu'on a en tête…

 

 

Les bécanes sur le dos, nous commençons donc à grimper, en nous enfonçant dans la neige parfois jusqu'à la taille. La traversée de la forêt est bien trop plate et nous commençons à nous inquiéter : nous savons qu'en vélo nous nous enfoncerons beaucoup trop et que ça ne passera pas du tout à la descente. Mais en fait, c'est bien pour cela que nous avons choisi une face aussi raide ensuite : pour compenser l'enfoncement dans la neige par la gravité. Un pari risqué : nous n'avons encore jamais tenté ce genre de ride. Et pour l'heure, nous ne savons pas si ça marchera… Mais nous grimpons quand même.

 

Rapidement, nous quittons l'itinéraire de ski de rando qui contourne la montagne pour attaquer la face tout droit, par le couloir neigeux de ce qui doit être un torrent en été. Une fois sur le raide, nous faisons un test de descente sur quelques mètres : c'est limite, mais ça semble fonctionner. On s'enfonce jusqu'au moyeu mais on atteint tout de même la sous-couche dure avec les roues et la pente est suffisante pour permettre de descendre malgré le frein naturel de la poudre. 

 

Nous voilà donc motivés pour enchainer jusqu'en haut ! La neige est complexe : elle se transforme tous les 20 mètres. En haut du couloir, nous parvenons sur une zone balayée par le vent où la couche est extrêmement dure et glissante. C'est alors que nous ressortons notre fameuse technique du "vélo-piolet", utilisée en été dans les pierriers très raides (lien). Là, elle porte encore mieux son nom. Et franchement, étant donné que nous n'avions pas de vrai piolet, nous aurions été bien incapables de monter cette pente sans vélo pour s'ancrer. Cette technique est simple : il suffit de saisir votre machine par la fourche et la tige de selle puis de l'ancrer à plat dans la neige dure au-dessus de vous. Guidon, dérailleur, pédales pénètrent solidement dans la neige et le canon de fourche se transforme en une vraie main courante qu'il suffit de saisir pour monter d'un pas. Puis vous recommencez… Le moment délicat est celui où vous devez désancrer le vélo pour le rabattre un mètre plus haut. Il faut savoir le faire assez vite, sans commencer à glisser.

Bon, il faut accessoirement prendre le vélo coté transmission tourné vers soi, sinon il nous arrive ce qu'il m'est arrivé, à savoir qu'on finit par tordre la patte de dérailleur… Evidemment…

 

 

C'est ainsi que nous atteignons le plateau qui permet de se reposer avant la pente finale. Enfin, se reposer, nous le voudrions bien, mais ainsi exposé hors des reliefs, le vent nous accueille froidement. Des rafales à 80 km/h étaient prévues à la météo. Et comme pour le soleil, ils ne se sont pas trompés ! Ça se voit peu sur la vidéo ou les photos, mais à partir de là, on a commencé à cailler sévère. Surtout Raph, pour qui le short baggy est l'emblème du freerider. Pour ma part, j'avais prévu le vrai pantalon d'alpinisme…

Après s'être reposé le temps maximum avant de geler, nous attaquons la partie finale, encore plus raide. La sonorité étrange de la neige me fait soudain prendre conscience du fait qu'il y a peut-être un risque d'avalanche. Et alors que normalement, j'emporte tout le matos de sécurité nécessaire quand je pars en montagne, je me rends compte que nous n'avons pas pris les ARAVA (Appareil de Recherche de Victimes d'Avalanche), ni les sondes, ni les pelles. Nous avons bêtement préparé l'équipement de VTT sans penser à le croiser avec celui de ski de rando… En même temps, il faut avouer que ce n'est pas un réflexe évident. Mais pour moi qui prépare tout avec grand soin d'habitude, c'est un échec !

 

Nous poursuivons tout de même la montée, mais en choisissant soigneusement l'itinéraire par les zones non dangereuses : arêtes, zones rocheuses, couloirs de neige bien stable. Et nous prenons garde de ne pas nous approcher de trop près Raph et moi, afin de ne pas concentrer le poids.

Tout cela augmente la difficulté de la montée en nous obligeant à grimper par le plus raide. Mais après quelques efforts, nous parvenons enfin à l'arête sommitale. Pour ma part, je commence à avoir froid avec ce vent incessant. Quant à Raph, dire qu'il a froid serait un euphémisme : il est transi avec son short et ses chaussures beaucoup trop légères. Mais ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'il ne se plaint jamais ! Nous aimerions pouvoir sécher au soleil, mais sur l'arête, le vent est d'une violence inouïe. A plusieurs reprises, il manque de nous faire tomber. Nous devons hurler pour nous faire entendre.

 

Nous nous équipons donc pour la descente à l'abri (tout relatif) de la corniche avant de parcourir les quelques centaines de mètres nous séparant du sommet. Nous n'avons pas atteint le Pic de Girantes à proprement parler, son sommet étant plat et peu propice au vélo, mais nous avons gravi son antécime, sur l'arête nord.

Nous sommes tous les deux trempés, avec les pieds gelés. Il ne faut pas tarder et basculer le plus vite possible dans les couloirs de la face nord, à l'abri de ce vent à décorder les nœuds.

 

 

Nous parcourons rapidement le petit morceau d'arête, sur laquelle la neige est un vrai délice de sucre glace posé sur un gâteau aux saveurs d'alpage. Puis, sans hésiter, nous basculons dans le très raide. Un petit passage rocheux couillu nous sépare des pentes de neige. Puis nous voilà dans la poudre jusqu'aux moyeux.

Comme prévu, la descente est parfaitement possible. Simplement, il faut un moment d'adaptation pour changer complètement son référentiel : accroche, vitesse, freinage, centre de gravité, position sur le vélo… tout doit être modifié par rapport à du VTT normal !

La pente étant très raide, il faut mettre son poids complètement en arrière, bras tendus à plat vers le guidon, comme un débutant qui se prépare à plonger d'un plongeoir trop haut pour lui. Pédaler étant presque impossible, tout se joue à l'impulsion de démarrage au cours de laquelle l'équilibre doit être trouvé instantanément. Ensuite, le VTT creuse de véritables rails dans la neige et les virages doivent donc se prendre très ouverts, avec le moins d'inclinaison possible. Il faut anticiper sa trajectoire au moins 30 mètres en avance et amorcer la courbe d'autant. Les ruptures de pente sont anxiogènes, on se demande comment la neige va se modifier en-dessous.

Evidemment, quelques buches sont inévitables, mais la neige les rend indolores tant qu'on parvient à accompagner la chute sans chercher à se cramponner au vélo.  

Sur quelques sections, l'inclinaison de la pente flirte avec les 45°. En ski, c'est la limite du "ski extrême". La raison en est simple : à partir de 45°, on se trouve plus dans un milieu vertical que sur un milieu horizontal. La barrière psychologique est criante. A partir de 45°, on se sent aspiré par le vide. Les chutes commencent à être difficiles à enrayer, même en neige molle.

 

Mais nous parvenons finalement assez aisément à descendre toute la pente sommitale. Arrivé sur le plateau, Raph me fait remarquer que mon pneu arrière est à plat. Une crevaison ? Sur la neige ?! Ça me semble impossible. En y regardant de plus près, je comprends ce qui s'est passé : ma jante a pris un impact, probablement lors d'une des chutes, déboitant le tubeless. Me voilà donc obligé d'enfiler une chambre à air.

La manip est très aisée en temps normal. Mais, là, en plein dans la neige, avec le soleil qui s'est déjà couché derrière l'arête et qui nous plonge dans un froid glacial, la réparation prend une autre tournure. La valve est gelée sur la jante, je dois la sortir à la pince. Et surtout, alors que je gonflais la chambre, le froid fait péter les joints de ma pompe. Mais Raph en a une deuxième dans son sac. Heureusement qu'il n'a pas suivi mes conseils la veille : je voulais qu'on rationnalise le matériel de réparation. Jusqu'à maintenant, on prenait chacun le sien, avec donc des outils en doublon. Je lui avais ainsi proposé qu'on constitue une sacoche unique, pour gagner du poids. Mais finalement, on ne l'a pas fait… Grand bien nous a pris… Je me serais maudit…

Donc, quand vous faites n'importe quoi et que vous n'êtes sûr de rien, prenez toujours deux pompes…

 

Je termine la réparation au plus vite tandis que Raph se caille dans ses baskets trempées. Puis, on repart.

Le couloir initial est notre seule porte de sortie de ce petit plateau d'altitude bordé de falaises. Pour entrer dans le verrou, nous devons à tout prix éviter la zone gelée rencontrée à la montée. Il serait impensable de la descendre à vélo. De ce fait, j'ai repéré un petit couloir annexe qui me semble propice car orienté Est et donc en neige ramollie par le soleil.

Par le dessus, l'entrée est impressionnante. Ce couloir est extrêmement raide, quasi vertical. Nous sommes obligés de descendre les premiers mètres à pied, ou plus exactement en vélo-piolet®. Mais dès que la pente se remet à 45°, nous enfourchons nos montures. Les 50 mètres suivants sont techniques, mais passent néanmoins.

 

Après quoi nous revoilà dans le vallon du torrent emprunté à la montée. Nous pouvons lâcher les freins et enchainer à pleine vitesse. La neige, bien que changeante, est assez propice à l'exercice. Nous atteignons la forêt de la fin au coucher du soleil, comme Lucky Luke.

Là, trente minutes de marche dans la neige profonde sont nécessaires pour passer le replat avant d'atteindre enfin le Port de Lers. Pfff ! Quelques touristes y sont montés pour faire de la luge. Ils ne semblent pas comprendre d'où nous sortons, trempés, gelés, le visage rouge, l'air hagard, sur des vélos transformés en blocs de glace.

 

 

Mais le plus beau de la journée nous attend encore : alors que nous atteignons la voiture, à la minute près, le ciel commence à se couvrir. Le temps que nous rangions tout le matériel, les nuages ont à nouveau pris possession du ciel ! Si ça ce n'est pas profiter d'une fenêtre météo !...

 

Nous dédicaçons cette sortie à Météoblue et Snowforecast, sans qui rien n'aurait été possible !


 
 
- Aperçu des photos -
 Diaporama (27)    Haut de page
C'est là qu'on va !  (2)
allez, on y croit !  (0)
Le vélo piolet, une technique bien utile...  (1)
Arrivée au replat  (0)
Et ça repart !  (0)
Vélo-alpinisme, puisqu'on vous le dit ;)  (1)
Là, on risque plus les avalanches  (0)
ITINERAIRE (vu du sommet)  (1)
Go !  (0)
Y'a de l'ambiance !  (0)
Quand y faut, y faut...  (0)
Du bon 45°, sans truquage. On voit l'horizon derrière...   (1)
c'est limite...  (0)
  (0)
allez, une buche !  (2)
Même les pauses sont stressantes avec la pente...  (1)
  (0)
  (0)
  (1)
  (0)
Et oui, on a crevé !  (1)
Merci à Facom  (1)
On hésite à abîmer cette belle surface...  (0)
Dernier verrou ! carrément raide...  (0)
Allez, on peut repartir sur le vélo !  (1)
Beau vallon (bien froid...)  (0)
un profil altimétrique... peu commun ! :)  (0)
 
pub
 
Chain Reaction Cycles
 
pub
 
 
 
 
 
 
Commentaires et réactions
 
 
 
 Alright
 Le 02/03/2016 à 12h15.

contact moi par mail perso, on en discute en privé :)

 rati09
 Le 02/03/2016 à 09h40.

 

Vous avez pensé au pic du Sarrasi (2213)départ du stade de neige de Goulier.

 

 

 

 

 rati09
 Le 02/03/2016 à 09h19.

En 2017 je suis en retraite, je me vois bien vous suivre à pied juste avec le drone et je peux économiser quelques entaines de mètres de dénivelé, de fait avec le drone je ne suis pas obligé d'aller en haut.

De plus je pense avoir assez la caisse pour suivre à la montée (pas à la descente). Je participe à quelques trails en montagne,  ski de fond et VTT et randos.

Reste juste à acquérir l'engin avec une caméra au top.

 Philou646
 Le 01/03/2016 à 21h34.

Encore un CR bien prenant, des images surréalistes et une belle sortie pour 2 déglingos. Pourtant c'était pas gagné au départ si j'en crois le récit... Continuez à nous faire voyager mais faites attention à vous quand même!!!  A bientôt, Phil

 Alright
 Le 01/03/2016 à 20h03.

le drone, on aimerait bien, mais ça augmente trop le poids du sac... Déjà qu'on fait l'impossible pour réduire le poids des vélos, c'est pas pour rajouter 6 kg de matos caméra sur le dos...

En plus, on n'a pas tout notre temps sur des rides de ce genre. En haute montagne, c'est la course contre la nuit ou contre le ramollissement de la neige. Préparer le drone, le lancer, le récupérer, le plier, ça prend du temps... Malheureusement, on n'a pas une équipe qui nous suit pour faire les images !

 rati09
 Le 01/03/2016 à 12h20.

 

Bon ba maintenant on va vous appeler les VTTGIVRES.

 

 

 

Ca vaut le coup d'acheter un drone pour filmer tout ça .... de loin.

 

 rati09
 Le 29/02/2016 à 14h53.

Mis à part le risque d'avalanche et autres joyeusetés ça roule pour vous. De toutes façons les ours ils ne sortent de ce temps là. Je commence à me demander si vous allez faire de vieux montagnards. En tous les cas jusque là - ça va.

Merci pour le récit épique, les photos, la vidéo.

 the power
 Le 28/02/2016 à 18h27.

Une très belle sortie, avec un itinéraire non prévu à l'origine, mais qui en vaut bien la peine.. Encore un défi de de relevé..

 
 
© plani-cycles.fr - Le site des communautés du Cycle - Mentions légales | Conditions d'Utilisation | A propos | Contact