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Attention à Lhurs ! Un ride surnaturel…
 
Par Alright, le 10/05/2016.
 
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- Statistiques -
 
Genre : VTT . CR consulté : 3019 fois.
 
 
 
Distance : 16 kms
Dénivelé : 1100 m+
Vit. moyenne : 8 km/h
Tps total : 06:00:00
Tps roulage : 02:00:00
Participants : .
 
Niveau :    Engagé
 
Physique :
Technique :
Paysages :
Fun :
  Moyennes sur 2 note(s).
 
 
- Aperçus - Traces -
 
 
 
Fichiers disponibles :
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- Compte-rendu -
 
 

 

Tout a commencé par de la pluie. Remarquez, dans les Pyrénées Atlantiques, tout commence toujours par de la pluie.

Nous avions réservé un chalet à la Pierre Saint Martin pour la semaine, complètement hors saison. Tellement hors saison que lorsque nous avions appelé le propriétaire, il nous a pris pour des idiots : "Vous savez, en mai, la station est fermée. Tout est fermé en haut, vous n'aurez rien à faire. Vous êtes sûr que vous voulez louer ?". Oui, on était sûr. On voulait juste un camp de base pour partir rider.

Et effectivement, quand nous sommes arrivés, il n'y avait tellement personne que c'en était flippant, surtout dans le vent et le brouillard : on se serait cru dans une ancienne base soviétique du cercle polaire, celles où ils rangent leurs sous-marins atomiques périmés. Nous avons compté : dans toute la station de la Pierre Saint Martin, il y a avait 4 voitures. Dont 2 à nous. La plus proche supérette ouverte se trouvant à une heure de route, nous avions pris suffisamment de nourriture pour être autonome pendant 10 jours, comme si on envisageait de soutenir un siège de zombies.

 

Et donc, il a commencé à pleuvoir. Trois jours sans interruption. Nous étions merveilleusement bien, au chaud, isolés du monde, dans notre chalet perdu sur les lapiaz de calcaire. Mais nous commencions aussi à ronger notre frein, à défaut d'user ceux des vélos. La météo était désespérante : elle prévoyait les pictogrammes les plus noirs et avec le plus de gouttes. Je crois que Météo France en a même inventé des spéciaux pour cette semaine-là. Mais au matin du troisième jour, nous vîmes le soleil et nous sûmes que cela était bon. Que le freeride soit !

Ni une, ni deux, je dégaine sans hésiter un des itinéraires les plus engagés qu'on avait prévu : le lac de Lhurs. Le plan est simple : on monte jusqu'au lac par le sentier. Portage sur la majeure partie de l'itinéraire. Et après, on voit sur place ce qui nous inspire.

 

_____________________________

Le lac se trouve à seulement trois kilomètres à vol d'oiseau de la Pierre Saint Martin, mais malheureusement, on n'a pas d'oiseau. On met donc une bonne heure de voiture pour atteindre le départ. Outre la pluie, c'est ça aussi, les Pyrénées Atlantique : des routes minuscules qui zigzaguent aléatoirement, exprès pour faire consommer de l'essence. On s'équipe fébrilement, tendus à l'idée de louper l'éclaircie.

Puis on pénètre progressivement dans le splendide cirque de Lescun. Le sentier louvoie entre les falaises, l'ambiance s'installe. On sent qu'on a choisi le bon spot !

 

Rapidement, des névés commencent à nous bloquer le passage, tantôt glissants comme de la glace, tantôt tellement mous qu'on s'y enfonce jusqu'au genou. On a peut-être choisi le bon spot, mais on sent qu'on va ramer ! Surtout que j'ai un VTT de DH pas encore complètement allégé, qui pèse un bon 14,7 kg.

Néanmoins ce massif de montagne (le même que celui du célèbre Pic d'Anie) vaut largement l'effort. Les blocs de calcaire prennent partout des formes surnaturelles. Des pics aux formes de dents de requin s'élancent sur les crêtes. De hautes falaises morcellent les pentes, créant de dangereux pièges topographiques pour qui s'éloigne du sentier. Ce qui sera d'ailleurs bientôt notre cas puisque nous voilà arrivés au lac. Depuis le début, nous n'avons croisé strictement personne. Le cirque de Lhurs est tout aussi désert.

Par contre, la météo est en train de changer. Le ciel se voile au-dessus de nous. Vers l'Espagne, ça tourne carrément au noir. Cette année, la météo est folle ; aucun moyen de deviner ce qui nous attend : orage ? pluie diluvienne ? brouillard ? rien du tout ?

Mais on ne s'arrête pas pour autant ; le lac, c'est déjà pas mal, mais au-dessus, ce qui nous attend est bien plus intéressant. Comme je l'avais prévu, il reste exactement la bonne quantité de neige pour rendre très fun les pentes de la face nord du cirque. Un immense terrain de jeu se déploie là, parsemé de gros blocs, de pierriers, de sections neigeuses, de ruptures de pentes, de petits ruisseaux… Les possibilités de lignes sont infinies. Mais il faut faire vite : la chaleur amollit la neige et bientôt, on s'enfoncera jusqu'au pédalier sans plus pouvoir avancer, même dans le sens de la descente.

Dans la montée qui suit, nous ne ressentons même plus la pénibilité de l'effort tant nous sommes captivés par le repérage des lignes que nous allons emprunter à la descente. Il nous faut la plus belle. La plus variée.

 

Etonnamment, alors que nous atteignons enfin le haut, il ne fait pas froid. Il n'y a pas un souffle de vent. L'atmosphère est lourde. On dirait qu'un orage est sur le point d'éclater mais aucun coup de tonnerre, même lointain, ne se fait entendre. On se sent bien, on n'est même pas fatigués du portage laborieux.

Bilan, tout est  parfait : conditions du terrain, condition physique, conditions météorologiques, conditions mentales. Une conjonction fort rare ! Normalement, au moins un des facteurs part en sucette… 

 

_____________________________

Dimitri se sent pousser des ailes (pourtant, on n'a pas pris de Red Bull). Il veut d'emblée attaquer par du plus que sérieux. Il avise une grande paroi de calcaire d'une dizaine de mètres de haut, à 50 voire 60 degrés. Inutile de préciser que le passage n'est pas obligé. Mais quand on parlait de ligne tout à l'heure… Celle-là lui a fait de l'œil. C'est le coup de foudre avec le rocher. J'essaie de l'en dissuader car ce passage conduit obligatoirement à se manger à l'arrivée : la falaise donne sur un névé sans aucune déclivité pour amorcer le freinage. En clair, c'est une chute libre de 10 mètres avec atterrissage violent sur de la neige (et pas de la poudreuse, de la bonne neige de névé tassée). Voyant qu'il semble décidé à l'envoyer, je lui prête mon casque intégral pour l'occasion. Tout cela peut sembler fun et rigolo mais nous sommes tout de même en haute montagne, en plein mois de mai, encore à l'altitude des neiges ; cela fait 4 h qu'on n'a plus croisé un seul être humain ; le téléphone ne passe pas ; il y a plus de 1000 m à descendre ; le mauvais temps est en train de s'installer. On n'est pas en station : une petite clavicule cassée peut très vite tourner au drame.

 

Je n'ai jamais su si Dimitri pensait réellement pouvoir passer ou s'il se lançait volontairement dans une chute contrôlée. Le fait est qu'il fallait être couillu pour se lancer là dans ces conditions. Autant dire que sur une dalle calcaire à 60°, le freinage du vélo ne change pas grand-chose. Et c'est ainsi que je vois Dimitri prendre de la vitesse pour s'écraser proprement comme le lui ont intimé les 9,81 G de la constante gravitationnelle. Il a néanmoins bien géré la chute en tombant sur le côté. Il serait resté droit, l'entrejambe sur le cadre, on l'aurait entendu hurler jusqu'à la Pierre St Martin.

 

Après avoir donné des tours de clé à laine sur tout ce qui venait de se dérégler sur son vélo, nous enchainons une courte partie de l'arête. Puis nous basculons dans la pente de neige la plus esthétique que nous avions repérée à la montée.

Là aussi, c'est du raide. L'attaque est à un bon 45° d'inclinaison. En ski, c'est facile ; en vélo infiniment moins. Surtout dans cette neige molle vicieuse qui se comporte tantôt comme de l'eau, tantôt comme de la farine. Avec un peu de sauce tomate et quelques morceaux de viande, on pourrait faire une bolognaise.

Rapidement, on prend le coup de main (ou plutôt, le coup de guidon) et on se met à godiller, comme en ski. La neige assez épaisse permet même de prendre un peu d'angle. On enchaine ainsi plusieurs ressauts, alternant neige, herbe lissée et rochers. Ce sont les changements de terrain qui donnent du fil à retordre. On apprend vite à faire décoller l'avant et à donner une impulsion pour passer d'un élément à l'autre. Sans cela, vous êtes quasiment assurés d'enfourner la roue dans la neige plus molle de bordure de névé, ce qui a pour conséquence de vous éjecter par-dessus le guidon. Et une fois que vous êtes dans les airs, vous ne pouvez absolument plus maitriser où vous allez atterrir, par exemple sur ce magnifique rocher pointu qui semble avoir été mis là exprès pour moi. Je n'ai malheureusement pas de photo pour immortaliser cet instant, mais je me suis effectivement écrasé de tout mon poids sur un pic rocheux. Pratiquement un pal. Et je remercie du fond du cœur ma combinaison de protection : c'est la première fois que la coque plastique pectorale me sert vraiment à quelque chose. D'ailleurs, je la laissais souvent ouverte. Mais pas là : les dieux du VTT veillaient sur moi.

Je me redresse, persuadé de m'être cassé quelque chose. Mais rien, absolument rien ! Je récupère mon vélo, persuadé qu'un des composants en carbone a du rompre. Mais rien, absolument rien ! Je ressens alors une allégresse brusque et inattendue, un peu la même que celle du chien qui voit son maitre aller chercher sa laisse malgré la pluie qui tombe depuis le début de la journée. Inespéré !

 

On reprend la descente, virant au milieu des splendides chaos de blocs calcaire. Plus on approche du lac, plus la neige se fait rare et plus les cailloux reprennent le dessus, mettant les fourches à rude épreuve. Il faut dire que toute cette descente ne doit pas être bien praticable en été, sans neige pour lisser les trous entre les rochers.

Le lac est rapidement atteint. Et le plus beau, c'est que la météo se maintient ! On a un ciel gris lourd et parisien, mais la couleur s'accorde bien avec celle des falaises de calcaire. Et cette grisaille n'est pas suffisante pour altérer l'éclat d'un bleu profond du lac de Lhurs.

 

A partir de là nous retrouvons le sentier, ce qui n'est pas gage de plus de facilité. La section du haut, quasi plate et sinuant à travers l'ex verrou glaciaire, s'apparente à un parcours de trial. A plusieurs reprises, nous devons descendre et pousser. Parce qu'à notre grand regret, nous ne sommes pas trialistes…

Dès que la pente reprend nous pouvons ré-enfourcher nos montures. Le single qui descend sur le côté droit du vallon est technique. Des plaques de neige disséminées sur les rochers fuyants en réhaussent encore la difficulté. De plus, la chute dans la pente n'est pas conseillée. Bref, c'est le genre de single qu'on aime. On arrive à tout enchainer de haut en bas jusqu'au vallon, même un passage particulièrement osé que Dimitri descend sans hésiter, regrettant au passage de ne pas avoir 200 mm de débattement… Il est décidément très en forme ! C'est lui qui a le plus petit vélo, c'est lui qui envoie le plus aujourd'hui et c'est moi qui tombe ; la vie est parfois injuste !

 

Après la traversée du Landrosque, l'itinéraire devient un sentier d'enduro classique, voire même pratiquement de XC. Bref, c'est roulant. Mais voilà un final très agréable après des terrains aussi complexes. Ça permet de relâcher la pression et de se détendre. Ma chaine, par contre, fait exactement l'inverse et casse. Probablement juste pour nous emm*****. Elle devait être jalouse ; c'est vrai qu'elle n'a pas servi à grand-chose jusque-là…

 

Au final, cette journée a été vraiment splendide à tous points de vue. Et heureusement, car ce fut la seule de toutes les vacances. Le lendemain, la pluie s'est remise à tomber. Encore plus fort.

 

 

_____________________________

Cotation descente :

- De l'arête jusqu'au lac de Lhurs : T4+ / E2+ mais très variable selon l'enneigement. Sans enneigement, à voir : si des sections d'herbe permettent d'aller jusqu'en bas, alors c'est un petit T4, lié surtout à la pente du haut.

- Du lac de Lhurs jusqu'au départ de la descente (env 500 m) : NR, sauf trialiste.

- De l'amorce de la descente jusqu'au Landrosque (torrent) : T4+ / E3

- du Landrosque jusqu'au bois de Bresme : T3+ / E3 (quelques passages E4, en bord de falaise)

- La fin, jusqu'en bas : T2 / E2

- Et un final sur piste

 

 
 
- Aperçu des photos -
 Diaporama (27)    Haut de page
Un des rares passages de montée sur le vélo...  (2)
Ça devient plus rigolo...  (2)
S'enfoncera, s'enfoncera pas ?  (2)
  (0)
Le lac de Lhurs... désert.   (2)
  (0)
Ne pas venir en chaussures de vélo !  (0)
Perdu dans le labyrinthe de calcaire  (0)
Dimitri sort les cojones !  (0)
Pour l'arrivée, voir la vidéo :)  (1)
Un temps orageux...  (0)
Les transitions herbe / neige sont délicates  (1)
en godille !  (0)
Normalement, faut lever la roue...  (2)
  (0)
ride !  (0)
  (0)
  (0)
merci la neige ! sans, c'est plus dur...  (0)
  (0)
back to the lake  (0)
  (0)
  (0)
  (1)
Du single un peu cassant...  (1)
Voire très cassant !  (1)
Dimitri, faut changer de suspates...  (3)
 
Chain Reaction Cycles
 
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Commentaires et réactions
 
 
 
 Alright
 Le 26/06/2016 à 23h19.

merci pour tous ces commentaires sur ma vidéo... j'essaie de m'améliorer en montage effectivement. Le seul problème est le temps : j'ai déjà 2 vidéos de retard que je n'ai pas encore eu le temps de monter... Plus on fait des vidéos jolies, plus ça prend de temps, malheureusement !

 francoisgoyon
 Le 22/06/2016 à 13h40.

D'une manière générale je trouve tes vidéos vraiment bien; mais celle-là me semble encore un ton au dessus: très bon montage, du dynamisme, de belles images -en particulier d'eau-, une belle synchronisation avec la musique, bref, une véritable ambiance. Et bien sûr, du vtt hors-norme !

 rati09
 Le 22/06/2016 à 11h59.

Après les sorties au pic des trois seigneurs et le pic de Girantes qui me semlaient plutôt très engagées sur le plan montagne-alpinisme, cet aller-retour au Dec de Lhurs offre des parties très couillues, sans même songer à l'éloignement et la solitude sur le secteur.

Du coup pour le vététiste que je suis c'est plutôt rencontre du troixième type.

A te rencontrer

Florent

 markitos
 Le 21/06/2016 à 11h27.

Très beau montage vidéo !!! 

 Alright
 Le 21/06/2016 à 10h16.

effectivement, il était en sacrée forme ! il m'a bluffé sur cette sortie !

après, il fait du vélo de route en compet en ce moment, donc question physique, ça va. Mais quand le physique et le mental suivent... 

 rati09
 Le 21/06/2016 à 09h30.

Salut Alexis, il avait l'air en forme ton amigo, même à la montée on sentait bien qu'il débordait d'énergie. En plus il était très sûr de son coup dans les descentes.

 

 

 Alright
 Le 20/06/2016 à 22h54.

j'ai bien mis la sortie en vallée d'Aspe. Mais nous, on logeait à la Pierre St Martin... Le massif de montage de Lhurs est celui de la Pierre St Martin (le même que le Pic d'Anie). Donc en gros, on ets entre les deux vallées. Je m'excuse d'avance auprès des béarnais que je pourrais froisser en ayant émigré d'une vallée à l'autre...

 Philou646
 Le 20/06/2016 à 22h15.

Salut Alright, il y a une petite erreur dans ton CR, le Pic d'Anie ainsi que La Pierre Saint Martin sont en Vallée de Barétous et votre sortie était située en Vallée d'Aspe. Attention tu risques de froisser les béarnais...

 Yves100
 Le 20/06/2016 à 19h32.

Joe Bar Team Vtt ?!! Smile
Impressionnant partout votre ride. Bravo !! 
Le freeride dans la poudreuse au top.
Et la vidéo va bien. 

 

 jpr31
 Le 20/06/2016 à 15h49.

+1 super vidéo Cool

 vince8213
 Le 19/06/2016 à 23h12.
Super vidéo!!
 
 
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